L’Orgue Ludwig Bonn
de l’église Saint-Médard, de Cheviré-Le-Rouge
L’orgue de l’église Saint-Médard de Cheviré-Le-Rouge est un instrument tout à fait caractéristique renfermant un potentiel sonore qui le classe dans la famille des orgues dits de transition. Ces orgues sont à la charnière entre la période classique et la période romantique. Ils héritent de la tradition des sonorités des orgues français et introduisent les sonorités nouvelles de l’orgue romantique.
De l’effervescence sous le Second Empire…
Comme bon nombre de communes angevines, c’est sous le Second Empire que Cheviré-Le-Rouge connut un essor remarquable, sur le plan démographique, architectural et culturel.
Parmi les figures qui marquèrent l’histoire locale, on peut citer le père François MÉNARD, curé de la paroisse et Joséphine GRIMAULT. L’ensemble des ouvrages dont ils ont été les maîtres d’œuvre et généreux bienfaiteurs subsiste encore et constitue le patrimoine local : un grand projet de reconstruction en style ogival rayonnant du transept et de la nef de l’église Saint-Médard est ainsi mené entre 1854 et 1857 ; en 1858 puis 1879, un programme de parrainage ayant pour but de doter le beffroi de l’église de trois cloches permet d’associer à ce grand projet de revitalisation des personnalités telles que Joseph de la BOUILLERIE, ancien député et ministre de MAC MAHON, propriétaire du château de la Roche Hue, à Cheviré-le- Rouge.
C’est dans ce contexte effervescent qu’est acquis en 1865 un orgue à tuyaux de deux claviers construit par Ludwig BONN, facteur d’orgue allemand installé à Tours. Cet instrument subit plusieurs remaniements réalisés en 1875 par Louis DEBIERRE, facteur d’orgue nantais.
…à Marcel Dupré
Entre 1948 et 1962, c’est sous l’influence d’un artiste mondialement connu que cet instrument se fait entendre et se développe : l’organiste Marcel DUPRÉ, professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, fait restaurer l’orgue de Cheviré-le-Rouge en prévision du mariage de sa fille Marguerite et Emmanuel TOLLET, tous deux occupant le château de la Roche Hue. Les travaux sont réalisés par le facteur d’orgues Jean PERROUX et l’inauguration de l’instrument restauré est assurée par Marcel DUPRÉ le vendredi 2 avril 1948. Le jour de la cérémonie de mariage, « Epithalame » (une œuvre écrite par le maître à l’occasion des fiançailles des jeunes mariés) est interprétée par son élève Marcel LANQUETUIT, titulaire de l’orgue de la cathédrale de Rouen. La même année, Marcel DUPRÉ compose un offertoire lors d’une tournée aux USA à la demande de sa fille, organiste de la paroisse. Plus tard, en 1953, l’organiste fait à nouveau intervenir Jean PERROUX pour l’installation d’un ventilateur électrique et l’adjonction d’une Soubasse 16′ et d’une Flûte 8′ au pédalier.
L’orgue de Cheviré-le-Rouge, partie intégrante du patrimoine de Baugé-en-Anjou, représente donc un intérêt historique et culturel qui mérite la curiosité de chacun et motive le devoir de sauvegarde et de promotion.
Biographie de Marcel Dupré :
Organiste et compositeur français (Rouen 1886 – Meudon 1971)
Toute sa famille fut musicienne : ses deux grand-pères organistes à Rouen (à Saint-Maclou et à Saint-Patrice), son père organiste à l’Immaculée-Conception d’Elbeuf, puis à Saint-Ouen de Rouen, sa mère pianiste et violoncelliste. Aussi ses dons très précoces furent-ils encouragés et développés : à huit ans, il se produisit déjà en concert, et à douze ans il fut nommé organiste titulaire à l’église Saint-Vivien de Rouen. Il travailla ensuite avec Guilmant, puis avec Vierne, Widor et Diémer. Au Conservatoire de Paris, il remporta les prix de contrepoint, de fugue et d’orgue, tout en suppléant déjà Widor à Saint-Sulpice (1906). En 1914, ce fut la consécration officielle du premier grand prix de Rome. Au lendemain de la Grande Guerre, Dupré devint le premier virtuose international de l’orgue. Dès 1920, il donna au Conservatoire, en dix récitals, la première audition intégrale de l’œuvre d’orgue de Bach, qu’il exécuta de mémoire. Il fit des tournées dans tous les pays, totalisant plus de deux mille concerts de par le monde, dont huit cents aux seuls États-Unis, tout en poursuivant ses activités françaises de professeur et de musicien : professeur d’orgue et d’improvisation au Conservatoire de Paris (1926), à l’École normale de musique de Paris, titulaire de l’orgue de Saint-Sulpice (1934), directeur général du conservatoire américain de Fontainebleau (1947), directeur du Conservatoire national supérieur de musique de Paris (1954-1956), directeur du Comité national de la musique. En 1956, il fut élu à l’Académie des beaux-arts.Sa virtuosité confondante l’a fait surnommer le « Liszt de l’orgue » par son élève Olivier Messiaen ; il possédait en effet une maîtrise absolue de ses gestes et de sa pensée, maîtrise qu’il a transmise à ses nombreux et brillants élèves ; toute la jeune école d’orgue française, l’une des meilleures au monde, lui est redevable à un titre ou à un autre. Cette maîtrise en faisait un prodigieux technicien de l’improvisation : il pouvait créer sur l’instant des développements musicaux dans les formes les plus complexes, fugue, canon, sonate en trio, choral orné, symphonie, etc. Son œuvre de compositeur se ressent de cette virtuosité intellectuelle, et tend à laisser dans l’ombre l’expression de sa sensibilité personnelle au profit de préoccupations formelles qui sont allées croissant dans son évolution.
Sources : dictionnaire Larousse
Chronologie
1865 : construction
1876 : modifications
1948 : restauration
1962 : modifications
Ajout d’un jeu de Soubasse 16’ à la pédale par Jean Jonet.
2024 : restauration
Restauration complète de l’instrument.
Maître d’ouvrage : Baugé-en-Anjou
Maître d’œuvre : Roland Galtier
Facteur d’orgue : Hubert Brayé (mécanique et tuyauterie)
Ebéniste : Florian Proust (buffet)
Façade : Denis Epié (dessin)
Montant de l’opération : 144.300 €
Financement :
– Ville de Baugé-en-Anjou : 95.800€
– Association des Amis de l’orgue : 26.500€
– Fondation du Patrimoine : 22.000€